© Marion Lachaise
Lieu de privation de liberté, situation tendue et problématique pour le politique comme pour l’opinion publique, la prison est sans doute le dernier lieu où l’on vient chercher des réponses. Pourtant, cette forteresse, adossée à nos villes et nos vies, nous somme, d’inventer une nouvelle vision à partir d’une interrogation : un condamné peut-il être autre chose que le crime auquel on l’identifie ? La question peut choquer, mais elle a le mérite de supposer que rien n’est jamais gravé dans le marbre, encore moins nos jugements qui se tiennent hors de la vie des prisons.
Lorsqu’une détenue, Coco, dit « il n’y a pas de maison », elle nous interroge jusqu’au vertige sur ce que nous entendons par « être chez soi » à force de préserver notre confort plus que la liberté. Être interrogé par des individus tenus loin de la parole publique a de quoi nous éveiller sur la façon dont nous habitons le monde. Comme l’écrit le philosophe Philippe Lacoue-Labarthe : « Habiter n’est en rien posséder, s’installer, se protéger. C’est au contraire s’exposer au dehors. Plus exactement, l’habitation est chaque fois un mode propre de se rapporter (de se livrer) au dehors. Avant d’être l’ostentation (la façade), l’essence de l’habitation est l’issue, l’ouverture. Habiter déjoue l’opposition du dedans et du dehors. Habiter n’est pas familier, c’est l’insolite même. Jamais lui-même. En transit. » (in Épreuves d’écriture, Centre Pompidou, 1985)*.
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